[Août 2022, France] Révoltes, tentatives d’évasion & grèves de la faim au CRA du Mesnil-Amelot

Posted: septembre 21st, 2022 | Author: | Filed under: migrants | Tags: , , , | Commentaires fermés sur [Août 2022, France] Révoltes, tentatives d’évasion & grèves de la faim au CRA du Mesnil-Amelot

Via A bas les CRA:

En août plusieurs mouvements de révolte ont eu lieu au CRA du Mesnil-Amelot. Nous tentons de revenir ici sur ceux dont nous avons eu connaissance.

Dans la nuit du 6 au 7 août, les prisonniers des deux CRA (CRA 2 et CRA 3) se sont mobilisés pendant plusieurs heures (la nuit du samedi et ensuite le dimanche matin) en mettant le feu aux batîments qui les enferment, en montant sur les toits, en essayant de s’évader et en résistant aux keufs. Apparemment, plusieurs batîments ont été fortement endommagés. Nous avions publié le témoignage d’une prisonnière ici.
 
La semaine du 22 août, plusieurs moments de révolte ont lieu au CRA 3. Tous les prisonniers du CRA 2 venaient d’être transférés dans le CRA 3 (a priori en raison d’un sous effectif côté keufs) : le CRA 3 est donc blindé, ce qui rend les conditions d’enfermement encore pire. Les prisonniers font plusieurs refus de réfectoire/grève de la faim pour protester contre l’enfermement et notamment contre une décision arbitraire des flics (en place au CRA 3 mais pas au CRA 2) selon laquelle les prisonniers n’auraient plus le droit de garder de la nourriture hors du réfectoire : « Ils nous interdisent de sortir avec les desserts et du pain de la cantine, on doit tenir sans manger de 18h à 7h du matin. Wallah c’est chaud ici les gens vont crever.« 
La bouffe (rare, dégueulasse, parfois remplie de médocs) est une variable d’ajustement utilisée par les flics pour tenter de mieux contrôler et affaiblir les prisonniers, et devient donc souvent un enjeu de lutte. Ces derniers ont commencé la grève en disant se solidariser avec les personnes qui n’ont pas de visite et ne récupèrent donc pas de nourriture au parloir, ainsi qu’avec plusieurs personnes malades, affaiblies par la faim ou par des intoxications alimentaires.
Durant la semaine les prisonniers manifestent et montent sur le toit à plusieurs reprises. Dans la nuit du 26 au 27 août, des prisonniers montent sur le toit et jettent de la nourriture sur la tête des flics, tandis que d’autres tentent de casser les portes et escalader les grilles. Suite à ça la répression ne se fait pas attendre : 6 personnes sont envoyées à l’isolement (placées à 2 par cellule de mitard), dont 2 qui seront ensuite envoyées en garde à vue et 4 transférées dans d’autres CRA. Ils sont déferrés le 29 août, accusés notamment de participation à un groupement armé et finalement condamnés pour l’un à 2 mois d’emprisonnement et 5 ans d’ITF (interdiction de territoire français) et pour l’autre 4 mois d’emprisonnement, et envoyés à la prison de Meaux-Chauconin. Quelques personnes solidaires étaient présentes lors de l’audience de comparution immédiate et ont pu crier solidarité et à bas les CRA. 
Autour du 25 août également, les prisonnières commencent une grève de la faim : elles exigent également de rétablir le droit à ramener de la bouffe dans leurs cellules, et dénoncent le traitement médical mauvais ou inexistant des personnes malades. 
Bref, comme chaque été depuis quelques années les résistances et révoltes sont nombreuses au Mesnil Amelot.
Il s’agit d’une réponse des prisonniers à l’enfermement et ce n’est pas un hasard si elles se multiplient ces dernières années puisque l’Etat enferme toujours plus et plus longtemps. Après l’allongement du temps de rétention de 45 à 90 jours, l’Etat s’est servi du Covid pour condamner les prisonniers qui refusaient le test PCR (nécessaire pour l’expulsion) à de la prison ferme, suite à quoi elles sont renvoyées au CRA ; enfin la boucle de l’enfermement est bouclée avec la volonté de systématiquement envoyer en CRA et expulser les sortants de prison : dernière en date, la circulaire de Darmanin du 3 août 2022 donne la priorité au placement en rétention de personnes sortant de prison. 
Suite à ces révoltes, une vingtaine de personnes se sont rendues au Mesnil-Amelot pour faire entendre leur soutien ce lundi 5 septembre. Dans les réponses des retenu.e.s, les conditions de rétention étaient encore une fois décrites comme invivables, notamment en terme d’hygiène. Un feu d’artifice a été tiré en signe de solidarité.
Force et courages aux retenu.e.s!

Révolte dans le CRA de Mesnil Amelot : « Tout le monde voulait juste être libre »

Entre samedi et dimanche, une révolte a éclaté au Mesnil-Amelot, dans le plus grand centre de retention administrative de France. C’est l’énième rébellion qui secoue cette prison pour sans-papiers, après l’incendie de janvier 2021, la grève de la faim de mars 2021, l’évasion collective de juillet 2021, les protestations de décembre 2021, la grève de la faim d’avril 2022

Cette fois-ci, l’ampleur de la révolte semble avoir été très importante : les prisonniers des deux CRA (CRA 2 et CRA 3) se sont mobilisés pendant plusieurs heures (la nuit du samedi et ensuite le dimanche matin) en mettant le feu aux batîments qui les enferment, en montant sur les toits, en essayant de s’évader et en résistant aux keufs. Apparemment plusieurs batîments ont été fortement endommagés.

La répression a été violente comme d’habitude : les keufs ont dû demander des renforts, pas mal de gens se sont faits tabasser et gazer. Sans doute des interpellations ont eu lieu, mais on n’a pas les détails pour l’instant. En tout cas, c’était le zbeul, comme le racontent dans ce témoignage collectif des prisonnières du CRA qui n’ont pas directement participé à la révolte.

La communication avec les prisonniers-ères est compliquée en ce moment, sans doute aussi à cause de l’importante répression qui a suivi l’émeute. On espère pouvoir choper plus d’infos dans les prochains jours.

En tout cas, plein de force aux prisonniers-ères et aux révolté.e.s !!!

» Nous avons voyagé à la recherche du bonheur, mais nous avons été arrêtées au milieu du chemin. La police nous a abordées et nous a amenées au centre pour migrants. Mais en réalité c’est comme un HP, il n’y a pas de paix ici.Ils ont mis le feu aux matelas, les prisonniers ont défoncé les portes de la prison. Et les quelques policiers qui étaient là se sont défendus en lançant du gaz poivre. Les femmes qui ont été arrêtées à cause d’un visa expiré, ont injustement subi les conséquences d’une action dont elles ne faisaient pas partie. Leurs yeux et leurs visages brulaient à cause du gaz poivre. Acculées et effrayées, elles se sont entassés dans leurs chambres, pendant que tous les hommes sautaient au dessus des murs et des portes pour fuir, rentrant même les cellules des femmes.

On entendait le bruit de la sirène. Des cris effrayants et la peur couraient dans leurs veines. Est-ce qu’on était en prison ou dans un HP ?! Tout le monde voulait juste être libre et retourner dans sa famille. La police n’a pas pu arrêter la fuite, ils ont appelé des renforts, plus de 100 policiers sont arrivés. Il y avait plus de 3 camions de pompiers pour contenir le feu. C’était fou. Les femmes montaient sur un toboggan pour voir ce qui se passait.

Des policiers avec des casques et des boucliers n’ont pas pu contenir la fuite, plusieurs prisonniers sont montés sur le toit… D’autres bombes ont été lancées, des hommes sont tombés du mur qu’ils escaladaient pour s’échapper. La police n’a à aucun moment demandé aux femmes si elles allaient bien. […]

Les policiers ont traité les femmes de folles et de
noires simplement parce qu’elles ne parlaient pas français. Elles vont toutes avoir besoin d’un psychologue. Est ce que c’est juste tout ce qu’elles sont en train de vivre injustement? Parce que leur vie est en
danger. Elles ont entendu le bruit des coups de feu. «


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